11/03


Les trois Fanny ne se connaissaient pas. Et moi je les connaissais mal. Elles avaient du talent et un prénom en commun. Rien de plus jusque-là. Pour le troisième morceau du 33 Tour, j’ai proposé d’être le S qui met les Fanny’S au pluri-elles. Mais j’étais loin d’imaginer que la conjugaison serait aussi parfaite.

J’ai donné rendez-vous à Fanny Castaing, Fanny MyMarins, et Fanny Krief pour une première rencontre, à l’arrache. Pas de texte, pas de thème. Pour moi c’était une première. Arriver sans a priori, sans attente, même avec une petite boule au ventre. Celle qui précède les départs.
On a discuté, fumé, bu du thé et puis vite, on a parlé de nos petits tocs, de nos névroses. Tu parles toute seule dans la rue toi aussi? Ben oui. Et puis je ne dors pas vraiment la nuit. Et j’ai souvent des ritournelles dans la tête.
– On pourrait écrire sur ça, sur nos folies ordinaires.
J’ai sorti une feuille, l’ai repliée aux coins supérieurs. Si on faisait un cadavre exquis? Comme ça pour se lancer…
C’était dit.
Pendant que l’on grattait nos guitares, la feuille tournait, de plus en plus roulée. Chacune à notre tour, on inventait les vers suivants. Ça coule Fanny, c’est cool. On déroule?
Et à notre grande surprise, la chanson était là, presque prête, entre mes doigts. Fanny C a sorti son violon. Fanny 2M a pris la guitare, Fanny K le glockenspiel, moi le guitarelélé, et tout a commencé.
Deux heures plus tard, on avait la chair de poule de ce qu’il venait de se passer. C’était comme coucher le premier soir et se rendre compte au réveil que la magie ne s’est pas fait la malle pendant la nuit.

L’Atelier Intérieur de France culture m’a proposé d’enregistrer notre seconde répétition. Aurélie Charon et son équipe sont venus se serrer avec nous dans un salon truffé de micros bleus. Dix minutes avant, on a tout bousculé, les Fanny’S ont construit un nouveau pont. L’ingé son s’impatientait. Pourtant en deux prises, on l’a fait. Tout est simple avec ces Fanny’S, tout se fait d’un geste. Sur la même longueur d’ondes, disent-ils.
Nous ne pensions pas garder cet enregistrement, et puis, si, finalement. Ça nous va bien tout ça. C’est comme la création de ce troisième morceau, comme notre rencontre, c’est fulgurant. On tourne des images dessus. Fanny 2M sort sa robe ballon, en fabrique d’autres pour nous avec sa complice Claire. Et en une nuit, sur les toits, dans les rues et une baignoire sabot, on tourne en apnée, un homme-caméra à nos trousses (Loïc Colin, merci. Depuis toi, la vie est pétillante comme du papier bulle).
Une fois notre respiration reprise, on s’est dit que l’on ne pouvait pas s’arrêter là. Envie, envie, envie, de continuer ensemble de jouer à chat, à chattes perchées.

 

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