Môme, j’entendais tous les jours : Fais attention, c’est dangereux. Il ne faut pas prendre de risques… On me gardait bien précieusement, à la maison. Ce qui m’a donné tout le loisir de rêver à se qui se cachait de l’autre côté. Là où je n’avais pas le droit d’aller. Derrière le jardin, la rue, la route, la frontière, et encore derrière.
Faire le mur, ne pas se laisser enfermer par peur de ce qui pourrait arriver. Mais que peut-il arriver de plus grave que de se tourner les pouces, chez soi ? Mermoz avait raison quand il disait que le pire pour lui serait de mourir dans un lit.
Quand j’ai rencontré Aurélie, il y a un peu plus de deux ans, nous avions toutes les deux voyagé loin, mais jamais en Europe. C’était trop proche, trop accessible, pas assez exotique surement. Et pourtant, voyager c’est juste découvrir. On peut lancer une expédition au supermarché du coin, pour peu qu’on lève les yeux, qu’on regarde les rayons comme si c’était la première fois (et si l’on l’essayait cette boite de petit-pois ? Et si l’on parlait à la caissière qui scanne nos courses chaque jour sans que nous lui adressions un mot?).
Notre nouvelle aventure se déroule à deux pas. Chez nos voisins. Parce que l’on parle de cette Europe sans la connaître, filons la rencontrer. En autostop, en 28 jours (pied de nez à tous les interdits que l’on rattache à notre statut de filles), nous allons frapper aux portières. Paris-Istanbul en 2012, Berlin-Odessa en 2013 et cette année, peut-être, Athènes-Helsinki. C’est depuis cette route que l’on vous écrit, qu’on lance notre hymne à la toile. Une chanson « on the road » enregistrée juste avant le départ au studio Rue du Bon Son (du hiphop à la pop, vous déchirez les mecs) avec le talentueux David Simard à la guitare. Trois jours avant la prise de son, j’avais écrit et composé le morceau mais me sentais bien incapable de l’enregistrer (on ne s’improvise pas guitariste de studio !). Je suis allée voir un concert d’appartement… chez David que je ne connaissais pas. Chanteur, guitariste, talentueux, disponible et disposé à participer au projet. La providence est parfois tellement dans ma poche que je me demande si elle ne va pas la trouer. Il y a six mois, elle a placé Loic Colin sur ma route, qui après moult péripéties technologiques, m’a offert de réaliser le montage de ce clip à distance. Un grand merci à lui pour ces nuits sacrifiées. Et à Tinmar pour le mastering, et tous les projets à venir.
Du milieu de la Bulgarie, ma Poucette aux côtés, je me sens entourée comme jamais.
Il n’y a rien de plus dangereux que de rester dans sa zone de confort. Alors je vous quitte comme je vous aime. Juste un moment, le temps que la routine s’échappe.
Pour découvrir les portières auxquelles on frappe tout l’été, c’est ici: www.lesptitespoucettes.com